Visite de La Cité Radieuse à Marseille
Au delà du modèle architectural, un concept de vie à découvrir ou à redécouvrir au cœur de la cité phocéenne !
Utopiste et anticonformiste, Charles-Édouard Jeanneret-Gris, plus connu sous le nom de « Le Corbusier », se révèle être un précurseur lorsqu’il achève en 1952, au cœur de Marseille, la construction de la première unité d’habitation qui deviendra le modèle d’un nouvel habitat social au lendemain de la seconde guerre mondiale. 4 autres suivront entre 1953 et 1965.
Véritable cité jardin verticale, cet immeuble expérimental répond alors à l’urgence de la reconstruction et de la production de logements en nombre. Il est dédié à héberger plus de 300 familles. La philosophie de Le Corbusier, en matière de logement, vise à assurer à chacune d’elle le maximum d’intimité et de dépendance tout en développant un esprit de services communs très développé qui n’a eu de cesse de se renouveler au fil du temps.
S’affranchissant des principes classiques de l’architecture, Le Corbusier conçoit ce projet comme une « machine à habiter ». Elle laisse place à la nature, à la couleur et à la lumière tout en minimisant la surface au sol. Ici, on ne parle pas d’étages mais de rues, de pilotis et de cellules traversantes qui illustrent l’approche humaniste de son inventeur. Sa volonté était de rendre ses habitants heureux.
Une œuvre collective
La fonctionnalité omniprésente dans chaque espace du lieu est saisissante pour l’époque. Elle résulte de la contribution remarquable de designers de renom parmi lesquelles Charlotte Périan et Jean Prouvé. Ils développerons nombre d’astuces pour faciliter l’accès à tous les équipements du logement en un minimum de gestes !
Charlotte Périan s’attachera particulièrement à valoriser la femme au sein du foyer. En effet, elle lui permet, notamment par le biais de cuisines ouvertes et particulièrement fonctionnelles de ne pas être reléguées aux seule tâches ménagères à l’écart des autres membres de la famille.
Comme le disait Le Corbusier lui même : « Une cuisine bien faite vaut la paix au foyer… »
Quant à Jean Prouvé, il exprimera son talent par la réalisation de somptueux escaliers dans les duplex et quelques bonnes trouvailles permettant d’optimiser le passage de la lumière grace notamment aux baies vitrées aux dimensions de la taille de la pièce.
Si la jouissance de l’ensoleillement et la volonté de préserver un espace naturel respectueux du terrain et de la vue résonnent aujourd’hui comme des préoccupations naturelles, ces considérations étaient avant-gardistes pour l’époque. Quant au toit terrasse, conçu comme un espace éducatif, de loisir et de sport, c’est un modèle du genre qui inspire encore aujourd’hui de nombreux projets architecturaux.
Une figure d’homme debout, le bras levé, au pied même de l’édifice nous rappelle la mise en application de ce que Le Corbusier a appelé le « Modulor ». Il s’agit une unité de mesure inspirée par les proportions du corps humain et de savants calculs mathématiques.
Ouverte sur l’extérieur mais idéalement conçue pour une vie en autarcie, la Cité Radieuse a déchainé les critiques les plus vives. L’usage du béton brut de décoffrage n’a pas toujours été apprécié et le style brutaliste de l’ensemble peut surprendre. Toutefois une chose est certaine, cet édifice classé au Patrimoine Mondial de l’Unesco, est un joyau architectural du XXe siècle. Il mérite indiscutablement une visite !
Rédactrice : Christine Masseron.
CREDIT PHOTO : ©E.Lamy OMTCM