Hommage au Mont Fuji au musée Guimet
Encore quelques jours pour profiter de cette exceptionnelle exposition dédiée au Mont Fuji ” Fuji, pays de neige “. Cette invitation au voyage du Musée national des arts asiatiques est une belle opportunité pour (re)découvrir ce lieu sacré. Notons que depuis 2013 il est inscrit au patrimoine de l’Unesco au titre de lieu sacré et source d’inspiration artistique.
L’exposition révèle quelques 70 estampes japonaises exceptionnelles et inédites du Mont Fuji. Ce volcan au cône parfait est recouvert de neige éternelle. Source d’inspiration des plus grands maitres de l’estampe japonaise, le Mont Fuji a aussi inspiré nombre de photographes et d’écrivains. Ainsi Kawabata Yasunari, prix Nobel de littérature en 1968, signe avec « Pays de neige » l’un de ses plus beaux romans. Au fil de l’exposition, notre regard s’approprie peu à peu l’esprit divinatoire qui émane du Mont Fuji. Sa silhouette règne en maitre sur la grande île, et plus globalement sur les esprits et la culture japonaise.
Parmi les estampes les plus spectaculaires, celles réalisées par Katshushika Hokusai (1760-1849) se distinguent. Elles sont époustouflantes par la diversité des points de vue et des saisons. Elles nous invitent à voyager au cœur même de ces paysages. Qu’il soit au premier plan ou qu’il apparaisse au loin dans une perspective très occidentale, le Mont Fuji est l’âme de l’œuvre. Elle interpelle notre sensibilité et notre esprit. L’usage très répandu au début du XIXe siècle du bleu de Prusse ajoute une intensité toute particulière à ces estampes.
Il est remarquable d’observer l’évolution technique de la représentation de la neige au cours de cette exposition. Représenter la neige n’est pas chose aisée ! Néanmoins les grands maitres de l’estampe, de la période d’Edo à nos jours, ont merveilleusement réussi à la transposer par l’usage de procédés innovants, utilisant du papier blanc et travaillant « en réserve »… Chaque artiste s’inspire de son maître antérieur en perpétuant une tradition formelle qui ne cesse pourtant de se réinventer. De cette manière Utagawa Hiroshige (1797-1858) se retrouve dans l’œil de Kobayashi Kiyochika (1847-1915) et Kiyochika chez Kawase Hasui (1883-1957). Tous contribuent à plonger le spectateur au cœur d’une atmosphère envoutante.
Déambuler sur les traces de ce lieu de pèlerinage, dont l’accès fut interdit aux femmes jusqu’à l’ère Meiji (1868- 1912), est passionnant. Nous en apprenons beaucoup sur ce pays qui ne s’est ouvert que tardivement à l’occident et dont tant reste à découvrir ! Qui plus est, les estampes sont des œuvres sensibles et fragiles. Elles se font rares aux yeux du public. C’est donc un privilège que de pouvoir les admirer dans le cadre de cette agréable mise en scène.
A voir à Paris, jusqu’au 12 octobre 2020, au Musée national des arts asiatiques – Guimet.
Rédactrice : Christine Masseron.
CREDIT PHOTO : ©RMN – Grand Palais (MNAAG – Paris) Thierry Olivier.
1 – Vent frais par matin clair, dit “Fudji Bleu” Serie des trente-six vues du mont Fudji. Impression originelle – KATSUSHIK Hokusai (1760-1849) – Xylogravure monochrome en bleu (aizuri-e). MNAAG, achat 2003, MA8149.
2- Femme de dos dans un paysage de neige – Estampe nishiki à lignes kosenga – KOBAYASHI Kiyochika (1847 -1915) – MNAAG, achat 2018, MA12973.