Installation architecturale

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L’abbaye de Jumièges rend hommage au Liban

” A roof for silence ” Un Toit pour le silence

Dévoilée pour la première fois à la Biennale d’architecture de Venise 2021, cette installation a été créée par l’architecte Hala Wardé. Aujourd’hui elle est somptueusement mise en scène au sein de l’abbaye de Jumièges. L’abbatiale de Notre Dame considérée comme « la plus belle ruine de France » nous ouvre la voie sur ce projet culturel itinérant. Celui-ci met en lumière les paradoxes d’un pays en proie au chaos depuis plusieurs années.

Fort de son patrimoine immatériel et indestructible, le projet a surmonté les vents contraires grâce à la volonté et l’implication de celles et ceux qui ont oeuvrés au coté de Hala Wardé. Poésie et musique sont au centre de cette installation.  Inspirée par le recueil de poèmes d’ Etel Adnan « night », l’artiste Mika en propose une lecture et interprétation. La composition sonore originale qui en résulte murmure à l’oreille du visiteur au fil de son parcours.
Ainsi fragments de verre, témoins de la catastrophe du 4 août 2020, disposés sur le chemin central de la nef et fragments de voix et de musique résonnent comme une seule et même partition au cœur de cet écrin exceptionnel.

Témoignage du passé et du présent

Un subtil travail photographique de Fouad Elkoury est né de l’idée de faire dialoguer plusieurs époques et disciplines.  En effet, il révèle de manière insolite les oliviers millénaires de Bchaaleh: 7 tirages photographiques sur de grands panneaux verticaux positionnés sur les ruines des 7 chapelles rayonnantes font écho aux 8 céramiques inspirées du poème en peinture d’Etel Adnan « Olivea, Hommage à la Déesse de l’Olivier ». Le tout prend place au chœur de l’abbatiale, partie centrale de l’installation.
Le caractère insolite du lieu traversé par la lumière, le vent, nous amène à repenser notre rapport au vide et au silence. Comme le questionne Hala Wardé « Pourquoi ne pas penser les lieux par rapport à leur potentiel de vide plutôt que de plein ? »

Au bord du monde, vivent nos vertiges

Au sein du logis de l’abbatiale, de nombreux autres artistes libanais témoignent avec force des soubresauts permanents qui font vaciller ce pays de légende et de mythes. Photographes, sculpteurs et cinéastes, viscéralement attachés à leur pays, témoignent de sa métamorphose. Leurs œuvres sont non seulement un manifeste exemplaire de résistance mais aussi un fol espoir de renouveau…

Saluons cette belle initiative du département de la Seine-Maritime qui met à l’honneur le Liban !
A découvrir à l’abbaye de Jumièges jusqu’au 6 novembre 2022.

Rédactrice : Christine Masseron.

CREDIT PHOTO :  ©droits réservés. Abbaye de Jumièges / A Roof for Silence

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Exposition Art contemporain à Tours

Exposition d’art contemporain à Tours

« Tout ce que je veux ! »

40 artistes portugaises de 1900-2020 – Une exposition à découvrir au coeur de Tours, Ville d’Art et d’Histoire emblématique de notre patrimoine culturel.

Cette remarquable exposition est à l’initiative de la Fondation Calouste Gulbenkian et du Centre de Création Contemporaine Olivier Debré de Tours. Elle nous permet de découvrir ou redécouvrir nombre d’artistes féminines portugaises.  Tout au long du XXe siècle et à l’aube du XXIe, de par leur diversité, leur sensibilité et leurs créations, elles ont contribué à imposer leur voix au sein d’une société culturelle jusque là majoritairement masculine.
Le titre de l’exposition dépasse largement la seule revendication d’être entendue. En effet, il traduit la détermination de ces artistes féminines à s’émanciper du statut de muse, que d’aucun leur accordait volontiers, pour devenir des créatrices reconnues au niveau national et international.
Elles attestent du formidable élan créatif et artistique qu’a connu le Portugal ces dernières décennies. Ces artistes ont contribué, par la qualité de leur travail, à bouleverser la place des femmes dans l’espace social et intellectuel de l’Europe toute entière.

Créer mais aussi interroger

Leurs modes d’expression sont aussi variés que la sculpture, la peinture, le dessin ou bien encore la photographie. Au travers de ceux-ci, elles questionnent les grands défis du XXIe siècle. Les photographies de Patricia Almeida attestent du tourisme de masse qui a envahi les plages du sud de l’Europe. De fait, elles nous invitent à réfléchir sur la nécessité de préserver notre patrimoine culturel. Celles d’Helena Almeida interrogent sur la dépendance longtemps entretenue de la femme à la gente masculine. Ainsi, toutes, par leur talent et leurs performances, témoignent de leur vision d’une société en pleine mutation où l’égalité des sexes est encore un leur ! Leur rapport à la nature nous interpelle également sur l’un des grands défis de notre temps.

Rendons hommage à leur parcours souvent semé d’embuches, parfois même délibérément minimisé , voire même  effacé.  Aujourd’hui il s’affiche comme une magistrale illustration de notre riche et talentueuse diversité culturelle Européenne.

Cette exposition est coproduite à l’occasion de la Saison culturelle France-Portugal.  Jusqu’au 24 septembre 2022 au Centre de Création Contemporaine Olivier Debré à Tours.

Rédactrice : Christine Masseron.

CREDIT PHOTO :  ©Helena Almeida – Sem titulo (Ref. #5)

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Exposition Musée du verre

exposition "Lettres de verre, une éclipse de l'objet" au Mus Verre

Exposition au Musée du verre Mus Verre

Une pépite à découvrir !

le MusVerre est niché dans la verdoyante campagne du Nord, à Sars-Poteries. Il décline l’une des collections les plus importantes d’Europe entièrement dédiée au travail du verre. A la définition austère et peu flatteuse de ce matériau décrit comme solide, transparent et cassant, répond une créativité artistique débordante d’imagination et de vitalité.

Les réalisations des verriers de Sars-Poteries du XIXème et début XXème côtoient celles d’artistes internationaux contemporains qui ne cessent de réinventer l’usage du verre. Vous y découvrirez les fabuleuses créations des « Bousillés ». Véritables chefs d’oeuvre, ce sont aussi d’émouvants témoignages d’un  patrimoine industriel historique méconnu.

Le Mus Verre, écrin de pierre bleue du Hainaut, a été créé en 2016. L’imagination, la couleur et la fantaisie apparente des pièces qui y sont savamment mises en scène feraient presque oublier oh combien la maitrise du verre est délicate et complexe.

Ce matériau ne prend toute sa splendeur que par le savoir faire méticuleux des maitres verriers qui s’attellent dans la confidentialité de leurs ateliers.

” LETTRES DE VERRE, une éclipse de l’Objet “

Telle est le titre de l’exposition orchestrée par Jean-Baptiste Sibertin-Blanc. Artiste et designer spécialisé, il nous propose un nouvel Abécédaire tout en …verre !

Croyait-on avoir tout vu, tout essayé en matière de typographie ? Force est de constater que les lettres peuvent se réinventer dans l’espace et tordre le cou à tous les stéréotypes. Au delà de l’idée novatrice, se décline une profonde réflexion qui nous interroge sur le sens de notre vocabulaire.  Les lettres se suivent mais ne se ressemblent pas.  Le tour de force réside dans l’harmonie qui en résulte. Elle transforme cette série de signes graphiques en une oeuvre d’art globale. Chaque lettre y affiche une subtile personnalité.

Aucune lettre n’illustre le même savoir faire. Il est peu de dire que les 4 verriers qui ont collaboré à ce magnifique projet brouillent un peu les pistes. En effet ils ont alterné travail de la pâte de verre (Didier Richard), bombage (Hugues Desserme), soufflage (Simon Muller) et verre à la flamme (Stéphane Rivoal).

La cohésion de l’ensemble, le choix des couleurs et les jeux de lumière sont une belle incitation pour découvrir ce lieu et cette exposition merveilleux !

Exposition à voir au MusVerre dans Le Nord à Sars-Poteries, jusqu’au 9 janvier 2022.

Rédactrice : Christine Masseron.

CREDIT PHOTO : Lettre N, pâte de verre © Karine Faby

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Exposition Drawing factory Paris17

Dessins contemporains à la Drawing Factory

Réinventer l’espace d’un ancien hôtel parisien, en faire un lieu de rencontres improbables avec des artistes passionné(e)s , tel est le pari osé entrepris par 2 ambassadrices. Christine Phal, fondatrice du Drawing Lab Paris et Carine Tissot, directrice de Drawing Now Art Fair et du Drawing Hotel,  œuvrent à la promotion et à la diffusion du dessin contemporain, en partenariat avec le Centre national des arts plastiques.
Déployés sur 5 niveaux, 1500m2 accueillent une trentaine d’artistes pratiquant le dessin sous toutes ses formes.

Une initiative réussie

Aussi inédite que cosmopolite, la déambulation au sein des ateliers mis à la disposition des artistes nous interroge sur la définition même du dessin et son rapport à l’art.  Jeunes, pour la plupart d’entre eux, ils s’affranchissent des codes et nous livrent d’étonnants points de vue graphiques sur notre environnement. Les objets du quotidien urbain croqués par Clovis Rétif, inspiré par sa formation en design et en architecture, sont autant d’interrogations sur notre cadre de vie intime. Bien que familiers à notre regard, ces objets déconcertent par leur réalisme soudain.

« Quand l’impossible devient possible », telle est la devise qui caractérise la pratique artistique de Maxime Verdier. Ainsi il traduit à travers le dessin, mais aussi la peinture et la sculpture, les histoires fantastiques qui peuplent notre inconscient. Il nous emmène à travers son travail dans un monde onirique peuplé de chimères. La poésie qui émane de son travail est une belle parenthèse dans le monde d’aujourd’hui.

Il est injuste de ne pas tous les mentionner mais telle est la règle du jeu ! Par l’expression personnelle que chacun(e) d’entre eux exprime au travers de ses créations, il se noue des rencontres dont on garde un souvenir précieux. Tel est le sentiment ressenti face au travail d’un duo qui fonctionne en parfaite harmonie, celui de Pauline Martinet et Zoé Texereau. Elles élaborent une écriture commune qui sublime notamment des espaces architecturaux qui prennent vie sous leur impulsion créatrice. L’audace de la couleur et la mixité du trait de crayon associé à l’usage de tissus est prometteur.

Une autre belle rencontre que celle avec Gabrielle Kourdazé, qui joue subtilement la carte des superpositions des lignes et des matières pour un résultat tout à fait stupéfiant ! En combinant habilement des techniques aussi variées que la gravure sur bois, le crayon de couleur, ou le trait à l’encre, cette musicienne rythme son travail au gré d’une mélodie qui résonne comme un écho sonore à ce qu’elle couche habilement sur la toile.

Saluons cette  belle initiative qui encourage et fait connaitre des artistes trop souvent méconnu(e)s mais qui incontestablement méritent de l’être !

A voir jusqu’au 20 septembre 2021 à la Drawing Factory 11 avenue Mac Mahon, Paris 17ème.

Rédactrice : Christine Masseron

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Exposition Jean Vendome, artiste joaillier

« Jean Vendome » artiste joaillier

« Servir les pierres sans les trahir », telle est la devise de ce précurseur.  Jean Vendome a dynamité la  joaillerie conventionnelle et ouvert la voie à de nouvelles aspérités. En soixante sept ans de carrière, cet artiste injustement méconnu du grand public s’est imposé par sa conception inédite du bijou. Rebelle à toute forme de conformisme, il s’invente non seulement un style mais aussi un nom. Comment Ohan Tuhdarian devient-il Jean Vendome ? L’histoire qui suit vous le révéle…

« Vendome », un nom qui résonne avec une place devenue épicentre de la joaillerie mondiale à l’aube du XXe siècle et qui ne doit rien au hasard. En effet, si l’artiste décide d’exposer ses créations dans les salons professionnels des années 60 sous le nom de « Vendome », c’est qu’il travaille en sous- traitance pour toutes les grandes maisons de la place. Ce nom ne pouvant être légitimement utilisé, il n’a d’autre choix que de se retirer ou trouver une alternative… Ce sera « Jean Vendôme » ! Une légende est née.

Jean Vendome rentre dans ce métier pour réaliser ses rêves. Il n’aura de cesse d’inventer un nouveau rapport au bijou en faisant d’un accessoire une œuvre d’art à part entière. Il nous rappelle par son travail l’origine latine du mot bijou, « jocus » qui signifie le jeu. En effet, il nous offre des jeux inédits autour de matériaux bruts. Ils mettent en lumière des gemmes surprenantes.  Pas nécessairement précieuses au sens propre du terme, elles n’en sont toujours pas moins magnifiées par une approche sculpturale atypique.

Avant-gardiste, il n’est pas sans rappeler certains de ses contemporains qui ont repensé l’art sous toutes ses formes. Dans la seconde moitié du XXe siècle, Ils ont volontairement décloisonné les frontières entre dessins, peintures, sculptures et joaillerie.

Si le diamant est un incontournable, il se fait discret dans les œuvres de cet artiste. De fait, il privilégie les agates, les quartz et autres pierres fines car leur palette de couleurs est une source infinie d’inspiration.

Portant une attention toute particulière aux matériaux bruts, il les sculptent pour être portés en broches, bagues ou pendentifs en transcendant les codes usuels et en inventant de nouvelles techniques.
Aimant particulièrement l’or jaune, Jean Vendome s’est attaché à le travailler d’une façon très personnelle. Elle donnera naissance au style pépite dont Jean Cocteau sera un illustre ambassadeur.

Son approche novatrice s’inspire non seulement de la nature mais aussi de l’architecture qui lui permet de mettre en scène des matériaux rarement utilisés. C’est également par ses recherches sur la mobilité du bijou qu’il devient un designer d’une surprenante modernité.                            Son goût pour les formes singulières nous interpelle. Son audace peut parfois nous surprendre, toujours est-il que son travail illustre un esprit avant-gardiste et le travail du beau !

Bel hommage que celui rendu par l’Ecole des Arts joailliers à Jean Vendome, jusqu’au 18 décembre 2020. Pendant la fermeture temporaire de l’exposition, l’Ecole propose une promenade digitale.

Rédactrice : Christine Masseron.
CREDIT PHOTO : Photo affiche Benjamin Chelly

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Exposition ” A table ! Le repas tout un art “

« A table ! le repas tout un art »

Un art chaleureux que ce bel art de la gastronomie française qui réchauffe notre cœur et émoustille nos papilles ! Inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO depuis 2010, le repas gastronomique des français met les petits plats dans les grands. Il mobilise chefs talentueux, produits d’exception et fins gourmets dans une perpétuelle recherche d’excellence. La Manufacture de Sèvres nous invite à sa découverte cet automne.

La France serait-elle l’exception culturelle en matière de gastronomie ? Pays de la « bonne chère » par excellence, la gastronomie française incarne avant tout la beauté de l’art culinaire. Cet art de vivre ponctue chacun des moments les plus importants de notre vie. A l’heure où la distanciation physique s’impose au regard de la crise sanitaire, la joie de se retrouver autour d’une table lors d’un moment de partage, de gourmandise et de raffinement prend tout son sens. Nos ancêtres l’avaient bien compris !

L’invitation au voyage proposé par la Manufacture de Sèvres à l’occasion de l’exposition « A table, Le repas tout un art » nous fait découvrir les racines gréco-romaines de nos repas. Elle nous éclaire sur la pratique du banquet, élément culturel fondateur de la Gaule Romaine ! C’est ainsi que l’on découvre que la dégustation des foies d’oies était déjà pratique courante à cette époque.

Des origines moyenâgeuses du festin français aux aliments étrangers venus du Nouveau Monde à la Renaissance, c’est toute une épopée de la gastronomie française qu’il nous est permis d’appréhender au travers des centaines d’objets exposés.

L’art de la cuisine française n’a jamais cessé d’évoluer. Le XVIIe siècle a joué un rôle déterminant dans l’évolution du repas gastronomique et des pratiques de la table. Si l’utilisation d’assiettes et de couverts est aujourd’hui banale, rappelons nous que ce ne fut pas toujours le cas ! Difficile à imaginer quand on songe au raffinement déployé par le « service à la française ». Celui-ci se traduit par une suite de plats nommés « services » qui se succèdent au cours du repas pour satisfaire les convives. Déjà, l’on parle de « Nouvelle cuisine » en lien avec les recherches agronomiques de l’époque. Elles sont notamment menées au Potager du Roi à Versailles, encore cultivé de nos jours.

Quant au XVIIIe siècle, il met en lumière l’extrême minutie qui  entoure la préparation des mets et la grande diversité des ustensiles et accessoires en vogue à l’époque. Mais c’est avant tout l’intimité qui est au cœur de cet art de vivre qui va s’ouvrir aux tables bourgeoises au XIXe siècle.

Petit à petit, un véritable nationalisme culinaire prend forme. Il place la gastronomie française comme la plus savante et la plus estimée de toute l’Europe. Au service du pouvoir et mise à l’honneur lors des grandes fêtes, la gastronomie française s’exporte à travers le monde et se démocratise au cours du XXe siècle.

Bien que solidement ancrée dans la tradition, la gastronomie française fait oeuvre de citoyenneté. En effet elle lutte contre l’uniformisation des goûts et en privilégie une consommation responsable qui fait écho aux questions liées à la biodiversité et à la nutrition à travers le monde.

Alors que vous soyez juste gourmands ou fins gourmets, venez découvrir cette magnifique exposition. Elle vous attend à la Manufacture de Sèvres qui nous invite à passer… A table !

Exposition du 18/11/20 au 16/05/21 au Musée national de céramique de Sèvres.

Rédactrice : Christine Masseron.
CREDIT PHOTO : illustration de l’exposition 2020 © Nicolas Buffe

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Exposition Jean Dubuffet, Un barbare en Europe

Exposition Jean Dubuffet, Un barbare en Europe

Dès son plus jeune âge, Jean Dubuffet est influencé par les peintures d’avant garde et des écrits modernistes. Ainsi il se persuade que la création d’arts doit s’ancrer dans la vie pratique banale. Brillant élève, quoique parfois indiscipliné, il donne libre cours à son goût pour le dessin. Peu à peu, il se forge un esprit subversif qui fera de lui un artiste indépendant, atypique et polémique.

L’expression du coté fantasmagorique des choses les plus banales, les plus triviales, comme le métro, fera de Jean Dubuffet « l’ethnologue du métro ». Mais c’est plus largement son regard sur les sciences humaines et sociales qui remet en question notre rapport à l’art.

On lui doit le concept « d’art brut ». Ce dernier fait référence à des ouvrages exécutés par des personnes indemnes de culture artistique où se manifeste la seule fonction de l’invention. Jean Dubuffet est à la fois peintre, sculpteur, musicien et homme de lettres.  Dès les années 40, il est en quête d’œuvres extra culturelles, rejetant l’élitisme parisien et ses codes stricts.

C’est à l’occasion d’un voyage en Suisse en 1945, qu’il  découvre l’approche novatrice d’artistes, de médecins et psychiatres. Elle fait écho à ses propres travaux, bousculant l’art et la culture de son époque.

Rebelle, tel un « barbare », Jean Dubuffet constitue une collection d’objets d’une grande diversité. Parfois déroutante, peut-être même incohérente au premier regard, elle célèbre l’invention sous toutes ses formes.

Créés par des pensionnaires d’hôpitaux psychiatriques, des détenus, des originaux, des solitaires ou des réprouvés, ces objets inédits témoignent de la recherche d’un art au delà de toutes les frontières sociales et culturelles existantes. Il perçoit dans cette création marginale une opération artistique pure, brute, libre, empreinte d’une profonde sincérité qui bouscule la culture traditionnelle.

Atypique, cette collection surprend et interroge sur ce que l’artiste nomme « l’Homme du commun ». Rejetant toute notion d’art primitif, Jean Dubuffet nous livre par le biais de cette très belle exposition son regard critique sur l’art officiel et son incessante quête d’un art différent s’exprimant au travers de créations singulières.

Artiste majeur de sa génération, Jean Dubuffet privilégie l’invention à la tradition, le commun et le banal au sophistiqué, le brut au raffiné.  A ce titre il remet en cause les fondements de notre culture occidentale.

L’exposition Jean Dubuffet , Un barbare en Europe au MEG nous éclaire sur les prospections artistiques de l’artiste. Elle atteste d’une recherche savamment documentée qui interroge sur les valeurs de l’art.

Avis aux amateurs en quête d’alternative aux courants d’art traditionnels à la recherche d’œuvres inédites …!

Jusqu’au 28/02/2021 au MEG (Musée d’ethnographie de Genève, Suisse)

Rédactrice : Christine Masseron.
Crédit photo : Ontogénèse (détail) de Jean Dubuffet © 2020, ProLitteris, Zurich.

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Exposition pop art - Les amazones…

L’exposition les Amazones du pop art met les femmes à l’honneur
Pour célébrer ses 30 ans, le Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain de Nice (MAMAC) met à l’honneur des artistes femmes. Très engagées, elles ont contribué à la tendance Pop au sortir des années 50. Ces artistes sont les figures de proue d’un nouvel idéal qui va révolutionner à jamais l’image de la femme. Elles vont, telles des amazones, s’affranchir des conventions dans une société dominée par les hommes et imposer leur style.

Ces pionnières sont trop longtemps restées dans l’ombre de leurs célèbres homologues masculins tels Robert Rauschenberg, Jasper Johns, Roy Lichtenstein, Tom Wesselman ou bien encore Andy Warhol. Cette exposition retrace leur histoire.

Entre l’image aseptisée de la femme lascive, épouse au foyer, comblée et celle de la femme fatale incarnée par les stars hollywoodiennes, la féminité à l’aube des années 60 s’apparente à une forme de « domesticité stéréotypée ». La Femme est véritablement transcendée par le regard nouveau que lui portent ces artistes féminines. Ainsi, elle se révèle à nos yeux dans une galerie de portraits illustrant une société en pleine mutation.

Leur parcours artistique est empreint d’ironie. De même, leur culture populaire haute en couleurs défie les canons masculins si profondément ancrés dans notre société. Leur émergence dans les plus hautes sphères de l’art contemporain célèbre l’anti-héroïsme de la vie moderne. Elle contribue également à faire tomber les barrières entre l’art et la vie.

La spontanéité et la bonne humeur qui émanent de ces œuvres nous en disent long sur leur volonté pacifique de faire vivre un courant spirituel avant-gardiste annonciateur d’un monde meilleur porté par : « Love is all we need ! ».

Une initiative salutaire que cette exposition « She- Bam Pow Pop Wiz ! les amazones du Pop ».  Elle nous offre une relecture inédite d’un mouvement artistique majeur du XXe siècle.

A découvrir à Nice, du 3 octobre 2020 au 28 mars 2021 au MAMAC.

Rédactrice : Christine Masseron.
CREDIT PHOTO : ADAGIP, Paris 2020, Tous droits réservé – Lucia Marcussi, Florence (Italie) 1933

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Exposition art Mont Fuji Musée Guimet

Femme de dos dans un paysage de neige KOBAYASHI Kiyochika © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier

Hommage au Mont Fuji au musée Guimet

Encore quelques jours pour profiter de cette exceptionnelle exposition dédiée au Mont Fuji ” Fuji, pays de neige “. Cette invitation au voyage du Musée national des arts asiatiques est une belle opportunité pour (re)découvrir ce lieu sacré. Notons que depuis 2013 il est inscrit au patrimoine de l’Unesco au titre de lieu sacré et source d’inspiration artistique.

L’exposition révèle quelques 70 estampes japonaises exceptionnelles et inédites du Mont Fuji. Ce volcan au cône parfait est recouvert de neige éternelle. Source d’inspiration des plus grands maitres de l’estampe japonaise, le Mont Fuji a aussi inspiré nombre de photographes et d’écrivains. Ainsi Kawabata Yasunari, prix Nobel de littérature en 1968, signe avec « Pays de neige » l’un de ses plus beaux romans. Au fil de l’exposition, notre regard s’approprie peu à peu l’esprit divinatoire qui émane du Mont Fuji. Sa silhouette règne en maitre sur la grande île, et plus globalement sur les esprits et la culture japonaise.

Parmi les estampes les plus spectaculaires, celles réalisées par Katshushika Hokusai (1760-1849) se distinguent. Elles sont époustouflantes par la diversité des points de vue et des saisons. Elles nous invitent à voyager au cœur même de ces paysages. Qu’il soit au premier plan ou qu’il apparaisse au loin dans une perspective très occidentale, le Mont Fuji est l’âme de l’œuvre. Elle interpelle notre sensibilité et notre esprit. L’usage très répandu au début du XIXe siècle du bleu de Prusse ajoute une intensité toute particulière à ces estampes.

Il est remarquable d’observer l’évolution technique de la représentation de la neige au cours de cette exposition. Représenter la neige n’est pas chose aisée ! Néanmoins les grands maitres de l’estampe, de la période d’Edo à nos jours, ont merveilleusement réussi à la transposer par l’usage de procédés innovants, utilisant du papier blanc et travaillant « en réserve »… Chaque artiste s’inspire de son maître antérieur en perpétuant une tradition formelle qui ne cesse pourtant de se réinventer. De cette manière Utagawa Hiroshige (1797-1858) se retrouve dans l’œil de Kobayashi Kiyochika (1847-1915) et Kiyochika chez Kawase Hasui (1883-1957). Tous contribuent à plonger le spectateur au cœur d’une atmosphère envoutante.

Déambuler sur les traces de ce lieu de pèlerinage, dont l’accès fut interdit aux femmes jusqu’à l’ère Meiji (1868- 1912), est passionnant. Nous en apprenons beaucoup sur ce pays qui ne s’est ouvert que tardivement à l’occident et dont tant reste à découvrir ! Qui plus est, les estampes sont des œuvres sensibles et fragiles. Elles se font rares aux yeux du public. C’est donc un privilège que de pouvoir les admirer dans le cadre de cette agréable mise en scène.

A voir à Paris, jusqu’au 12 octobre 2020, au Musée national des arts asiatiques – Guimet.

Rédactrice : Christine Masseron.

CREDIT PHOTO : ©RMN – Grand Palais (MNAAG – Paris) Thierry Olivier.
1 – Vent frais par matin clair, dit “Fudji Bleu” Serie des trente-six vues du mont Fudji. Impression originelle – KATSUSHIK Hokusai (1760-1849) – Xylogravure monochrome en bleu (aizuri-e). MNAAG, achat 2003, MA8149.
2- Femme de dos dans un paysage de neige – Estampe nishiki à lignes kosenga – KOBAYASHI Kiyochika (1847 -1915) – MNAAG, achat 2018, MA12973.

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Visite à Chantilly – Fabrique de l’extravagance

Une saison riche en découvertes au domaine de Chantilly
Superbe idée qu’une visite à Chantilly en cette saison riche en expositions. Le Domaine de Chantilly est un prestigieux havre de paix situé à quelques encablures de Paris.  Il a été agrandi et embelli au fil des siècles par la dynastie des Condé. Et, cet automne il nous réserve un florilège d’expositions. Elles nous font revivre les heures glorieuses de la manufacture de Chantilly. Bien plus encore, elles nous plonge dans la vie du XVIIIe siècle grâce à la rétrospective dédiée à Carmontelle. L’exposition « La fabrique de l’extravagance » nous offre le privilège d’une déambulation entre porcelaines de Meissen et de Chantilly. Le tout est admirablement mise en scène par Peter Marino. De plus, certaines œuvres reviennent en France pour la première fois depuis la Révolution française !

Chantilly n’a de cesse de révéler les secrets d’un patrimoine historique datant du moyen âge, métamorphosé au fil du temps. Dans son écrin de verdure, le Château, les Grandes écuries et les jardins à la française forment un domaine remarquable.

Nous vous invitons à le découvrir ou le redécouvrir. D’autant plus que depuis l’an passé, les visiteurs peuvent s’immiscer dans les appartements privés du Duc et de la Duchesse d’Aumale. Ils constituent un véritable chef d’œuvre architectural où l’intime rejoint l’histoire.
Aujourd’hui les Grands appartements du château du Prince de Condé nous invitent à la découverte des collections princières de porcelaines les plus spectaculaires du XVIIIe siècle. Notons que le Prince de Condé créa la manufacture de Chantilly.

Dans leur cadre raffiné de présentation originel, un grand nombre d’œuvres sont d’une virtuosité technique remarquable. Elles nous rappellent que ces productions ont marqué les arts décoratifs du Siècle des Lumières. Véritable « Or blanc » du XVIIIe siècle, la porcelaine fut portée au sommet de l’art de vivre par une clientèle exigeante.  Elle se déclina sous une multitude de formes et d’objets d’inspiration asiatique, rocaille et européenne, stimulant un esprit compétitif entre les plus grandes manufactures, parmi lesquelles Meissen en Allemagne et Chantilly en France.

Au cœur de l’exposition, les grands oiseaux blancs en porcelaine de Meissen trônent en grandeur nature. Ils proviennent de la galerie des animaux d’Auguste le Fort au Palais japonais de Dresde. Ces pièces de porcelaine figurent parmi les plus spectaculaires jamais produites à Meissen.
Entre chinoiseries et singeries, le metteur en scène Peter Marino, nous invite à poser notre regard sur la préciosité et l’exubérance de ces porcelaines. Toutes furent exécutées avec un souci du détail qui relève d’un véritable travail d’orfèvre !

La visite de cette exposition mérite d’être complétée par celle dédiée aux dessins de Carmontelle. Louis Carogis (son vrai nom) cultive son esprit et son habileté à portraiturer les personnages de la cour. Soucieux de la vérité, ses portraits sont fréquemment émaillés de détails évoquant les goûts et la personnalité du modèle. Au final, tout un recueil de portraits illustrant une certaine douceur de vivre au XVIIIe nous est permis d’admirer.

Et puis enfin, un passage par la somptueuse bibliothèque du château s’impose ! Le cabinet des livres nous invite à découvrir un type de manuscrit méconnu pour nombre d’entre nous : le livre d’heure, étonnant, précieux et très en vogue à la fin du Moyen âge.

Tout un programme !  jusqu’au 3 janvier 2021 au Domaine de Chantilly, dans l’Oise.

Rédactrice : Christine Masseron.

CREDIT PHOTO : ®Christian Mitko

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